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[La Guerre Éternelle] La Guerre éternelle (The Forever War) est un roman écrit par Joe Haldeman, publié en 1974 aux États-Unis d'Amérique et en 1976 en France. La version pour cette review a été traduite par Gérard Lebec avec la collaboration de Diane Brower. Ce livre a été lu et cette revue est effectuée dans le cadre du challenge Summer Star Wars - Épisode II initié sur le blog du Répertoire de la Science Fiction. Ce roman est le premier de ce qui forme une sorte de quadrilogie avec le roman La Paix Éternelle, la nouvelle Une guerre à part et le roman La Liberté Éternelle. Le roman a reçu notamment trois prix littéraires dont le prix Hugo du meilleur roman en 1976. Une bande dessinée, en collaboration avec Marvano, a aussi vu le jour fin des années 1980. De plus, selon un chronique de 2008 parue sur allocine.com, Ridley Scott a (aurait eu ?) le projet d'en faire une version long-métrage mais, après l'accueil de Prometheus, on peut peut-être en douter. Quoique, ceci étant dit, il paraît qu'il prévoit un sequel pour 2017 après avoir fait Blade Runner 2 en 2016 — à 76 ans, notre cher Ridley ne prend donc toujours pas de repos, pourtant bien mérité. Mais bref, revenons-en à notre sujet initial.

Synopsis

Vers la fin du XXème siècle, à la suite de la découverte des sauts collapsars, saut à travers des trous de ver, l'humanité commence à coloniser l'espace et des planètes situées à plusieurs UA. Toutefois, au large d'Aldébaran, des vaisseaux vont commencer à disparaître, et bien vite les soupçons vont se porter sur une race extra-terrestre évoluée, les Taurans. S'ensuivra une guerre sans merci et sans pitié qui a commencé entre les deux espèces. William Mandella est recruté comme soldat d'élite par la force internationale AENU, pour participer à cette guerre. Il va commencer son entraînement sur Terre puis sur Charon, une planète de glace, où les soldats vont se familiariser avec les tenues de combat, qui amplifient la force mais peuvent aussi s'avérer absolument mortelles. Ensuite ils seront envoyés en vraie mission de combat...

Avis et remarques

La Guerre éternelle fait parti de ce type de science-fiction dite « militaire » et m'a beaucoup rappelé à ce point de vue Étoiles, gardes à vous ! de Robert A. Heinlein. En effet, nous suivons un personnage, William Mandella, tout au long d'une carrière militaire, qu'il n'a pas forcément choisi avec un entrain démesuré, qui s'exprime à la première personne, celui-ci combattant pour l'humanité face à une race extra-terrestre pour laquelle nous avons que très peu d'informations sinon que c'est l'ennemi à abattre — mais sans que l'on sache vraiment pourquoi. Évidemment on comprend assez vite par le ton souvent ironique et sarcastique du héros, dont le profil psychologique indique qu'il est un « pacifiste, mais un pacifiste raté », la critique antimilitariste qui se cache derrière les pages au fur et à mesure que la lecture progresse. Il est très intéressant de noter le détail technique apporté au récit tant d'un point de vue militaire que physique et qui nous accompagne d'un bout à l'autre du roman.

Tableau 1 : détail des notations sur GoodReads.com
(dump Wed Aug 27 01:13:27 UTC 2014)
rating frequency % #
5
 
39% 24219
4
 
38% 23749
3
 
17% 10784
2
 
3% 2142
1
 
0% 570

Du point de vue militaire, de la rigueur du récit et de l'émotion qui en transparaît, on comprend assez vite que l'auteur ne fait pas qu'imaginer les types de situation qu'il décrit mais fait part, d'une certaine manière, de sa propre expérience. Et pour cause, dans la bande dessiné qui paraîtra plus tard, l'auteur expliquera qu'il a lui-même passé près d'un an au Viêt Nam au cours de l'année 1968. Du point de vue de la physique, l'auteur se base sur les connaissances et les hypothèses que nous avons notamment au regard de la relativité, ce qui lui permet une approche tout à fait intéressante. En effet, deux trames temporelles se superposent dans le roman ; à savoir le temps subjectif du héros voyageant à la vitesse de la lumière, voir au-delà grâce aux ponts Einstein-Rosen, et le temps réel suivant le méridien de Greenwich. Cela fait que le roman court à la fois sur une période de 1143 ans du point de vue de la Terre tandis que pour le héros ne se déroulera à peine qu'une dizaine d'année.

Nous avons donc ici à la fois un space opera avec notamment des combats spatiaux, du planet opéra comprenant les planètes que visitera le héros et sur lesquels il restera parfois plusieurs années, et du voyage dans le temps, d'une certaine façon, où l'on peut suivre l'évolution des mœurs de la Terre par les informations que Mandella recevra soit directement en s'y rendant lui-même soit en ayant simplement des nouvelles par d'autres personnages. Mais au-delà de la guerre, incompréhensible, des changements dans tous les aspects de la société de la Terre, au-delà de cette impression de n'être plus qu'un étranger pour sa propre race quand on est un des seuls survivants des années 1997 et après des centaines d'années de guerre, Joe Haldeman nous emmène en réalité dans une toute autre aventure, qui est celle d'un amour qui permettra à William Mandella de toujours garder le contact avec sa propre humanité. Un roman qui est indiscutablement à lire et que je recommande bien sûr très fortement.


Challenge Summer Star Wars - Episode II.


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